Son odeur

J’ai mis le foulard vert à pompoms encore une fois ce matin. J’ai senti son odeur. Mais là, je commence à plus la sentir. Ok, j’ai le nez bouché, mais je sais qu’elle s’en va petit à petit ; plus je la mets, plus elle prend mon odeur.

Sa fille a dit qu’elle ne pouvait pas tout laver, pas tout, pas d’un coup, sinon son odeur s’en irait, et Elle partirait avec.

Ce foulard, son foulard, mon foulard, il a pas été lavé. Pas comme ce pull gris, j’ai dû le laver, et après il sentait le frais et les fleurs, mais il sentait plus Elle, il sentait plus son parfum et son placard.

Mais ce foulard, justement, je peux pas non plus le laisser pourrir dans un placard. L’odeur persiste. Je la sens plus, sûrement parce que je m’y suis habituée, comme quand on met du parfum, après dix minutes on le sent plus.

Alors je garde ce foulard, je continue de le mettre, parce que y’a son odeur dessus, dedans, imprégnée pour encore longtemps, et ça fait un peu comme si Elle était encore avec moi.

Les gens qu’on aime nous manque toujours une fois qu’ils ne sont plus jamais là.

Châu.

Les cheveux courts

 

hairSource:Freepik

Je me souviens très bien du jour où j’ai eu les cheveux courts. Enfin, pas le moment de la coupe en soi, c’est pas le genre de truc que je retiens.

C’était en première, j’avais les cheveux assez longs, jusqu’aux épaules — disons que je les ai jamais eus aussi longs de toute ma vie. Et puis, je sais pas d’où m’est venue l’idée de couper court. J’avais dû voir ça dans un manga, dans un film, c’était pas encore vraiment la mode, les cheveux courts.

Bref, j’ai fait couper. Pas trop d’abord, une sorte de carré-bol en-dessous des oreilles. Je faisais déjà partie des 1% de filles de la classe qui n’avaient pas les cheveux longs.
Puis je suis tombée amoureuse des coupes asymétriques (un peu comme ça). J’avais les cheveux trop courts pour être asymétriques, donc il a fallu faire court (comme ça).

C’était un grand changement, j’avoue, c’était un pas vers la coupe dont je rêvais.
Mais ça s’arrêtait là. Une envie énorme qui se réalise — et c’était déjà tout un monde.

Alors quand on m’a dit « c’est bien, ça te va bien, et en plus c’est bien parce que les cheveux courts, il faut assumer, ça montre que t’as pas peur ».

Peur ?
Peur de quoi ?

Oh ! Peur ! Peur du regard des autres !
Parce que 70% des femmes en France doivent avoir les cheveux longs, parce que les cheveux courts c’est une coupe de mec, je devrais avoir peur ?

J’avoue, j’ai (eu) peur du regard des autres. Très peur.
Mais là, c’est vraiment un truc dont je me fous mais à un point. Que peuvent les autres à mes cheveux ? Est-ce que, parce qu’ils m’attribuent un rôle à partir de ma coupe de cheveux, avoir une coupe courte fait de moi quelqu’une de courageuse ?

J’étais à la fois surprise et sidérée par ce qu’on m’avait dit. D’abord, je n’y avais ab-so-lu-ment-pas-pen-ser. Ensuite, pour le coup, au niveau physique, je fais ce que j’ai envie. Si j’ai envie de m’habiller multicolore ou de me couper les cheveux comme ça, alors je le fais.

Tout ça pour dire que j’adore ma coupe, elle est absolument asymétrique maintenant. (Il faut même que je repasse chez le coiffeur parce que c’est trop long, haha. Je projette de faire un truc encore plus chelou genre ça, la couleur en moins et en plus long du côté long.) Je vois bien que peu de femmes ont les cheveux courts, jamais plus de trois à la fois dans un espace de 100m2 (SAUF. Sauf si la moyenne d’âge est de plus de 50 ans, désolée mesdames). Mais pour autant je vois pas en quoi les cheveux longs sont la norme.

Tu le vois le stéréotype de la femme trop belle, trop jolie, trop féminine, qui passe des heures à se shampouiner ?
Et bien, sachez qu’avoir les cheveux courts, c’est la li-ber-té, ni plus ni moins. On va plus souvent chez le coiffeur, mais on laisse les cheveux sécher au vent, on passe pas trois ans dans la salle de bain à mettre de l’après-shampoing, démêler, lisser, coiffer, on a juste à faire un petit geste de côté avec la tête, style L’Oréal — voire pas besoin de ce geste si on a les cheveux très courts. Finalement, ça fait pas mal d’économies.

J’aime mes cheveux courts.
Je sais pas si c’est à cause d’eux qu’on ne m’approche pas trop pour discuter ou me draguer. J’aime bien mes cheveux longs aussi, ça me fait mal de les couper et parfois ça me manque de faire des tresses ou des queues de cheval.
Mais putain, qu’est-ce que je suis mieux avec les cheveux courts.

Châu.

Le premier article

J’ai eu peur d’un coup.
Je ne sais absolument pas quoi écrire.

Toute cette envie qui me démangeait depuis des mois, cette envie d’enfin écrire sans aucun raison, d’un coup un mur s’est dressé devant elle.

D’un coup je me dis : quoi écrire ?
C’était il y a si longtemps, j’ai perdu l’habitude. L’habitude d’écrire pour rien, d’écrire sur moi, sur la vie, sur ce que je pense ; me cacher derrière des pseudo articles critiques plus ou moins mal écrit, c’était facile, c’était moi et en même temps c’était pas moi ; mais là, d’un coup, j’ai peur. Tu vois, la sensation d’être bloqué ? Mon corps entier se révulse, on dit souvent que c’est pas bon, que c’est signe que ce que tu vas faire ou décider n’est pas bien.

Avant j’écrivais, j’aimais écrire, ça venait tout seul, j’aimais commenter ou inventer en français en première, et on dit souvent encore que quand on aime ce qu’on écrit, l’autre aime aussi. Puis un jour j’ai dû arrêter, j’ai dû grandir, et ça m’a bien fait chier. J’écrivais des dissertations de dix pages autour de rien, c’était de la vraie dissertation, mais j’avais aucune organisation ; me dire ce que je devais écrire ? Non, non. Ça venait pas. C’est pas de l’écriture ça, ça sert à rien, c’est de la recherche, c’est même moins, c’est du formatage.

Alors écrire est devenu difficile. Je me suis cachée derrière d’autres blogs qui n’avaient plus pour objectif l’écriture, et parfois j’écrivais quand même et ça foutait un bordel pas possible dans ces blogs. J’étais pas sûre de moi, on a toujours des moments difficiles, mais là ça s’est aussi reflété sur Internet. Internet n’était plus ce que j’avais connu au tout début, quand j’ai crée mon premier Skyblog. C’était plus un espace où j’écrivais ce que je voulais, quand je voulais — c’est aussi parce que je m’étais fixée d’autres objectifs.

Alors voilà.
Là je sais que je reviens.
J’ai encore du mal à re-apprivoiser tout ça.
Mais je sais que mon moi d’avant est content et que moi de maintenant est près à assumer (à peu près, la réalité, ça fait toujours peur à un moment ou un autre).
Je sais que ça va recouler à flots.
J’ai peur mais je suis sûre que je vais y arriver, pour une fois — c’est comme un challenge ; et j’aurais peut-être, enfin, à nouveau, cet espace à moi qui m’a tant manqué.

Châu.